Rencontre avec Francis
Suite à de nos échos du Festival Montagne & Musique, qui s’est tenu les 27 et 28 septembre à Palaiseau (comme chaque année, en cette période de l’année) avec, cette fois, le témoignage de Francis qui participait aux animations autour des « vieux métiers d’antan ».
– Si vous deviez, pour commencer, décrire ce que vous faites sous nos yeux ?
Francis : Je confectionne ce qu’on appelle du tréchu, le ruban que les dames utilisaient autrefois pour faire leur coiffure. J’utilise pour cela un métier à tisser d’origine. Je l’ai juste un peu modernisé pour pouvoir l’actionner avec le pied. Normalement, on le fait à la main, ce qui mobilise deux personnes dont une pour soulever le ruban à mesure qu’il avance. Je confectionne aussi du fil de chanvre au moyen d’un rouet. Je dispose par ailleurs de laine de mouton pour faire du fil destiné au tricotage ou à la confection de toile. Enfin, je fabrique des balais.
– Comment en êtes-vous venu à perpétuer ces métiers ?
Francis : Je suis manuel et bricoleur dans l’âme, en plus d’être d’un naturel curieux. Ces métiers, je les ai vu pratiquer par mes propres parents. Enfant, déjà, j’essayais de les imiter.
– Vous n’avez donc pas à proprement parler suivi de formation ?
Francis : Non, la transmission s’est faite naturellement. J’exerce ces métiers au titre de bénévole au sein de l’association loi 1901 « Les Frontières de Haute-Tarentaise », qui a été créée en 1950, à Bourg-Saint-Maurice. Au début, c’était pour perpétuer la tradition des costumes folkloriques des femmes ainsi que des musiques et des chants de la Haute-Tarentaise. Puis se sont ajoutés les métiers d’antan et d’autres éléments du patrimoine, sous l’effet d’une demande croissante du public. Beaucoup de ces métiers sont représentés ici grâce au concours d’une vingtaine des bénévoles sur les près de 80 que compte notre association. Nous faisons beaucoup d’animations dans nos campagnes. Mais j’observe que l’intérêt est plus fort dans les villes que dans celles-ci. Peut-être parce que les gens y sont plus habitués, ont plus souvent l’occasion d’en voir. Ici, à Palaiseau, les gens viennent en famille, prennent le temps de discuter, de poser des questions. Cela fait vingt ans que je viens ici à l’occasion du Festival Montagne & Musique et c’est toujours la même surprise.
– Ce matin, une très jeune fille s’est adonnée avec beaucoup de précaution au métier à tisser au point que sa mère ne parvenait pas à l’en soustraire… Vous-même veillant sur elle, en lui donnant jusqu’il fallait de consignes…
Francis : Elle est restée plus d’un quart d’heure, très concentrée. Les enfants s’impliquent naturellement dans ce qu’ils font. Pas besoin de leur donner beaucoup d’explication pour comprendre ce qu’il y à faire. Ce que je trouve d’intéressant, c’est de savoir que des enfants peuvent se passer de leur écran ! Cette jeune fille prenait manifestement du plaisir à travailler avec ses mains. À propos des balais, une dame, manifestement une institutrice, m’a demandé de lui expliquer la technique de fabrication, probablement pour en faire l’objet d’une animation avec ses élèves. Ce qui ne peut que me réjouir !
Propos recueillis par Sylvain Allemand
À lire aussi l’entretien avec Gille Emmanuel – pour y accéder, cliquer ici.
