Les philosophes inventent en Grèce la métaphysique entre le VIe et le IVe siècle avant notre ère : la raison y apprend à accéder au vrai et au bon et enseigne comment former les jeunes, gouverner les cités et comprendre la vie sociale. C’est avec le sens de l’histoire d’origine judéo-chrétienne une des deux spécificités de la pensée occidentale.
Cet ouvrage retrace sur deux millénaires et demi les rapports de la raison spéculative et de la pensée sociale : il met en parallèle l’évolution de la métaphysique, le tournant qu’initie Descartes avant que Kant ne le réalise pleinement, et le passage d’une phase où la réflexion philosophique apprenait à former des jeunes et à exercer le pouvoir à une époque où elle donne naissance aux philosophies de l’histoire, inspire les idéologies du progrès et modèle en partie les sciences de l’homme et de la société.
Doit-on, comme le propose la déconstruction, rejeter cette tradition parce que l’Europe et ses projections outre-mer ont exercé un temps leur suprématie sur le reste du monde ? Ne convient-il pas, plutôt, de sauvegarder la curiosité, l’ouverture à l’autre et le souci de l’épanouissement des hommes qu’elle apportait et leur trouver de nouvelles formes ?
Pour résumer, Paul Claval retrace notre histoire intellectuelle en nous invitant à la repenser sans la renier.
Géographe, épistémologue et historien des idées, Paul Claval participe à l’élaboration de la Nouvelle Géographie, joue un rôle déterminant dans le développement de l’approche culturelle dans cette discipline et éclaire l’évolution des sciences de l’homme et de la société.