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Poétique urbaine à Écofemmes fest

Entretien avec Clara Delaunay

Du 7 au 9 novembre derniers, se déroulait à La Caserne (Paris 10e), la première édition de l’Écofemmes Fest, à l’initiative de Minerva avec notamment le soutien de l’association Gender and Climate Change (GCC). Au programme : des performances, des ateliers, des visites guidées d’une exposition d’artistes écoféministes, des tables rondes et un « marché » de créatrices éco-responsables. En voici un premier écho à travers le témoignage de Clara Delaunay, la designer joaillière que nous avons déjà eu l’occasion d’interviewer quelques semaines plus tôt, à l’occasion de l’exposition « Poétique urbaine ». Cette fois, elle nous en dit plus sur ses créations en design et joaillerie. Non sans nous réserver une surprise…

– Je vous ai interviewée voici quelques semaines à l’occasion de l’exposition « Poétique urbaine ». Je vous retrouve à la première édition d’« Écofemmes Fest », dans un cadre magnifique du 10e arrondissement de Paris…

Clara Delaunay : Nous sommes effectivement à La Caserne. Comme son nom l’indique, c’est une ancienne caserne de sapeurs-pompiers, qui a été transformée en accélérateur de transition écologique et sociétale dédié à la filière mode et luxe – le plus grand d’Europe ! Nous sommes ici au premier étage, dans l’espace que l’Écofemmes Fest a réservé au marché des créatrices écoresponsables, juste à côté de l’espace où se déroulent les atelierset tables rondes du festival.  Les autres étages hébergent des ateliers de créateurs en résidence, des salles privatisables pour des expositions ou des réunions. Sans oublier, au rez-de-chaussée, une galerie qui accueille aujourd’hui l’exposition du festival, et le restaurant BRÛLANT, enfin, en sous-sol, un club !

– On imagine donc ce qui a amené la designer et artisane joaillière que vous êtes à participer à cet événement. Mais comment avez-vous été identifiée par les organisateurs ?

Clara Delaunay : C’est le fruit d’un « heureux hasard » qui doit lui-même beaucoup à l’exposition réalisée à l’Espace 181 et aux algorithmes !

– ?I Expliquez-vous…

Clara Delaunay : [Sourire]. Ces derniers temps, suite à l’exposition « Poétique urbaine », je me suis retrouvée à suivre et à être suivie sur les réseaux sociaux (par) des personnes engagées tout comme moi sur des problématiques écologiques. Manifestement, c’est ainsi que j’ai été repérée par l’association Minerva, à l’initiative de cet événement. Sa cofondatrice, Sveva Saglimbeni m’a contactée pour me proposer une place sur le marché des créatrices écoresponsables. Son discours m’a d’emblée paru cohérent avec ce vers quoi j’ai envie désormais d’orienter mon activité de créatrice.

– Une rencontre sérendipienne en somme…

Clara Delaunay : [Rire]. Oui, c’est d’ailleurs pourquoi j’ai parlé de « heureux hasard » !

– C’est l’occasion pour moi de découvrir en vrai vos créations. Pourriez-vous en dire un mot de chacune ?

Clara Delaunay : Avec plaisir ! Vous avez ici trois catégories de créations. Celles de la collection « Escapade » : des pendentifs en forme de miniatures de montagne, d’une part, des bagues, qui peuvent évoquer aussi bien la surface d’une roche que la nervure du bois, d’autre part. Toutes ces pièces sont uniques tout en participant à une chaîne dans le cas des miniatures de montagne, chacune en représentant un fragment. Je les réalise à la main, dans mon atelier, selon deux techniques : soit forgée, soit à la fonte à cire perdue, à base, d’argent 925.

Voici maintenant une deuxième collection que je présente occasionnellement selon les stocks dont je dispose : elle est issue d’un projet d’étude, mené à partir d’éléments upcyclés, récoltés dans un FabLab, il y a maintenant près de dix ans, entre Roubaix et Lille. De manière encore plus exceptionnelle, j’ai investi un canapé pour y présenter un projet qui me tient particulièrement à cœur et que vous aurez reconnu…

– Oui ! Il s’agit de cette sculpture en forme de parure ornée d’objets, que vous avez exposée à l’Espace 181, à Palaiseau, dans le cadre de l’exposition « Poétique urbaine » !

Clara Delaunay : J’y ai ajouté une affiche réalisée par un artiste de ce mouvement « Poétique urbaine ». Y figure un QR Code pour accéder à plus d’informations sur le lieu en cours de destruction à Orsay, qui a justifié notre mobilisation, et le lien pour signer la pétition en faveur du projet de révision, toujours possible.

– Précisons que ce mouvement vise à sensibiliser à un urbanisme plus respectueux de la nature. Il a été impulsé en réaction contre un projet urbain de la ville d’Orsay, lequel s’est déjà traduit par l’abattage d’arbres centenaires du jardin de la Maison Michaut, du nom de la famille qui l’occupait, et plus connue maintenant sous celui de la Maison de Connaissance et de la Création (Mc2) imaginée par Jérôme Michaut. Plusieurs des objets qui ornent la parure sont issus de cette maison [pour en savoir plus, voir la série d’entretiens réalisés avec des artistes ayant participé à l’exposition, dont Clara Delaunay, disponibles sur notre blog]. Je ne peux m’empêcher de faire une analogie entre votre parure et les œuvres exposées dans la galerie d’art par trois artistes – elles sont conçues autour du thème de la broderie, non sans évoquer aussi le tissage, la relation…

Clara Delaunay : Effectivement. Ces thèmes sont aussi au cœur de cette exposition. Qu’elles se connaissent ou pas, toutes les artistes qui interviennent à l’Écofemmes Fest se font écho les unes les autres, et c’est ce qui fait de ce festival un bel événement.

– Quelles réactions a suscité votre parure ?

Clara Delaunay : D’un strict point de vue factuel, elle aura convaincu rien que dans la journée d’hier au moins cinq personnes à signer notre pétition : des personnes qui ne sont pas forcément d’Orsay mais qui connaissent le plateau de Saclay et le projet d’aménagement dont il est l’objet. De prime abord, elles étaient intriguées par les cristaux. J’en ai donc profité pour les informer du contexte dans lequel la parure avait été conçue et de la provenance des objets auxquels elle est liée. Émues par l’impact du projet immobilier sur l’environnement, ces personnes ont non seulement tenu à signer la pétition, mais encore elles se sont engagées à relayer l’information.

– Avant de clore cet entretien, je ne résiste pas à l’envie de vous interroger sur ce coffret et son contenu…

Clara Delaunay : [Rire]. J’ai souhaité donner à voir un peu des coulisses de mon atelier, le behing the scene en somme. Il s’agit d’un baguier et de son triboulet complémentaire qui permettent de proposer des bagues sur mesure en prenant directement la mensuration des doigts du client. Le baguier comporte jusqu’à une trentaine de bagues, de la plus petite à la plus grande taille, d’un auriculaire de femme à un pouce de bûcheron !

Propos recueillis par Sylvain Allemand

Pour en savoir plus sur les créations de Clara Delaunay, cliquer ici.

Pour accéder au précédent entretien qu’elle nous a accordé, cliquer ici.

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