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Poétique sur pellicule

Rencontre avec Guillaume Maillet

Suite de nos échos à l’exposition « Poétique urbaine » qui s’est tenue du 20 au 30 octobre dernier, à l’Espace 181 (Palaiseau) à travers, cette fois, un entretien avec Guillaume Maillet qui revient ici sur les des photographies de la Maison de la Connaissance et de la Création (Mc2) qu’il y a exposées, non sans évoquer les circonstances de sa découverte de cette maison.

– Si, pour commencer, vous deviez caractériser les photos que vous donnez à voir dans le cadre de cette exposition ?

Guillaume Maillet : Ce sont des photos sélectionnées parmi celles que j’ai prises à la Maison de la Connaissance et de la Création, au cours des années 2021-24. Cinq photos au total prises à autant d’endroits différents de cette maison, à l’extérieur comme à l’intérieur…

– Comment en êtes-vous venu à faire ces photos ?

Guillaume Maillet : Tout a commencé en octobre 2021 avec une invitation que m’a faite Benjamin Michaut à prendre des photos de cette maison où il avait vécu son enfance. La première fois, ce fut à l’occasion d’un atelier organisé par Vincent Bontems [philosophe des sciences et des techniques, directeur de recherche au CEA], sur la physique quantique et auquel il avait convié des collègues du monde entier. Une photo de cette série est exposée dans la seconde pièce de la galerie de l’Espace 181 : on y voit Vincent faisant son exposé dans le grenier, debout devant un écran de projection. Depuis, j’ai fréquenté régulièrement la maison des Michaut. J’ai été très vite frappé par la manière dont le frère de Benjamin, Jérôme, parvenait à modifier l’ambiance des pièces  – il y  repenserait régulièrement la disposition des objets, des meubles, des livres, etc., accumulés au fil des âges dans cette maison. Le lieu même s’est révélé propice à y exposer des photos ! Comme en témoigne celle-ci, prise  le 8 octobre 2023 : une véritable mise en abyme quand on y pense, puisqu’on peut y voir mes photos exposées dans l’une des pièces du premier étage.

– Une photo qui a de surcroît pour titre : « Trouve un titre à celle-ci »…

Guillaume Maillet : Un titre qui souligne justement, non sans humour, cette mise en abyme.

– Un mot sur cette autre photo prise dans le salon du rez-de-chaussée…

Guillaume Maillet : Intitulée « Constante & Variable, de quoi s’agit-il ? », elle témoigne là encore des talents de Jérôme dans cet art de composer avec ses objets familiers, là où l’intime peut faire face au culturel et à l’Histoire : on peut y voir notamment un portrait de la chanteuse du groupe rock new-yorkais Blondie, face au reflet (dans un miroir) de la reproduction d’un tableau médiéval… et à une photo de vacances en grand format !

– Une autre mise en abyme, puisqu’on voit aussi dans ce miroir, le côté où se trouve le photographe…

Guillaume Maillet : Un photographe qu’on ne voit pas pour autant puisque j’ai fait en sorte de ne pas apparaître dedans… Ces compositions de Jérôme -certes, éphémères par nature puisque sans cesse renouvelées – sont suffisamment justes et complexes, pour ne pas ajouter d’artefact inutile ! La 4e  photo a été prise, cette fois, de l’extérieur ; elle donne à voir une autre installation de Jérôme : des échelles alignées sur la façade de la maison…

– Comme une invite faite aux passants de s’emparer du lieu pour en réinventer les usages, en faire une Maison de la Connaissance et de la Création.

Guillaume Maillet : À s’emparer de la maison ou à en sortir par les fenêtres.  Je crois qu’on peut en faire cette double lecture. La Mc2 était un lieu vraiment ouvert ! On pouvait y aller et venir à sa guise.

– Ces photos sont donc exposées à l’Espace 181 au milieu d’autres propositions : des installations, des bijoux et parures, une vidéo, d’autres photos encore… Vous vous inscrivez ainsi dans une démarche collective…

Guillaume Maillet : Une démarche collective qui souhaitait, autant le dire, porter l’attention moins sur l’intérieur que sur les 2 000 m2 de pleine terre arborée, condamnée par un projet immobilier. Cela étant dit, il ne me semblait pas inintéressant de donner à voir l’intérieur de la maison, qui participait aussi à l’attrait du lieu pris dans son ensemble, car il fut le point de départ, l’abri, pour de nombreuses rencontres, – expositions artistiques, ateliers, conférences scientifiques – qui étaient pour nombre d’entre elles en lien ou à tout le moins très inspirées par ces 2 000 m² de pleine terre et leurs arbres centenaires finalement laissés pour compte…

– Un mot sur ce projet immobilier ?

Guillaume Maillet : Un projet dont on peut qu’interroger la bizarrerie puisqu’il va consister à construire de nouveaux parkings souterrains en lieu et place de cette pleine terre arborée et à remettre de la terre à l’emplacement des parkings actuels pour revégétaliser l’espace…

– Reste que ce projet concerne Orsay, et que l’exposition se déroule à Palaiseau…

Guillaume Maillet : Justement, il ne faut pas rester focaliser sur ce seul projet immobilier. La « Poétique urbaine » à laquelle invite cette exposition est à envisager à l’échelle de toute la vallée de l’Yvette. De ce point de vue, elle concerne aussi bien Orsay que Palaiseau. C’est le sens de la 5e photo exposée ici : elle donne à voir un vieux panneau de signalisation indiquant la direction pour se rendre dans ces deux villes. D’ailleurs, il n’est pas exclu que cette exposition voyage ailleurs, dans d’autres communes de la vallée de l’Yvette et même jusque dans la vallée de Chevreuse. C’est en tout cas l’ambition de Jérôme.

– Nous réalisations cet entretien quelques jours avant la fin de l’exposition. Quels enseignements en tireriez-vous ?

Guillaume Maillet : J’ai été très agréablement surpris par l’affluence enregistrée lors du vernissage. Sur l’ensemble de la soirée, plus d’une cinquantaine de personnes ont répondu présent. Nul doute que si l’Espace 181 s’était trouvé encore un peu plus proche du centre-ville, il y aurait eu encore plus de monde – la rue de Paris est animée jusqu’à tard le soir.

– L’Espace 181 n’en est pas moins un lieu connu des Palaisiens. Qu’est-ce que cela vous fait-il d’y être exposé ?

Guillaume Maillet : L’Espace 181 est une galerie pleine de charme, particulièrement bien éclairée – quelque chose à quoi le photographe que je suis est forcément sensible ! Je suis aussi reconnaissant à Rosa [Puente] de son accueil chaleureux, de son implication dans les réunions préparatoires, sans oublier sa contribution à l’exposition à travers des œuvres qui savent représenter si dignement le vivant végétal du jardin de la Mc2.

Propos recueillis par Sylvain Allemand

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