Des nouvelles de...

De Hastings à Londres en passant par Worcester, etc.

Saison 1, épisode 3/3

Rencontre avec Sylvie Mombo

Suite et fin de notre Saison 1 d’entretiens avec la conteuse Sylvie Mombo, coauteure de Matières à conter, et directrice de 1, 2, 3… Dix vois qui content. Elle revient ici sur les villes anglaises dans lesquelles elle a séjourné au cours de ses différents voyages outre-Manche.

– Dans les précédents entretiens, vous nous avez expliqué ce qui vous motive à vous rendre régulièrement en Angleterre (perfectionner votre anglais pour y faire des racontées dans la langue du pays), puis fait état d’une retraite le temps d’un stage. Ce faisant, vous avez évoqué les diverses villes anglaises où vous avez séjourné. J’aimerais faire de ce 3e entretien l’occasion de les découvrir au prisme de votre regard, en les passant en revue. Commençons, si vous le voulez bien, par celle où vous êtes rendue le plus souvent, à savoir Hastings. Qu’aimeriez-vous nous dire de cette ville ?

Sylvie Mombo : Hastings me fait l’effet d’une « ville maison » au sens où j’y ai désormais mes repères. Je la prends avec ses aspects négatifs – elle en a – et ses aspects positifs. Chaque fois que j’y vais, j’ai la sensation de me ré-ancrer et dans la langue anglaise et dans un territoire qui me plaît, où je me sens bien…

– Vous souvenez-vous de votre premier séjour ? Comment votre rapport à cette ville a-t-il évolué depuis ?

Sylvie Mombo : La première fois que je m’y suis rendue, c’était il y sept ans [en 1997]. C’était suite à un concours de circonstances : je cherchais une correspondante pour ma fille dans l’espoir qu’elle puisse elle aussi tomber amoureuse de la langue anglaise, progresser dans sa pratique en y prenant du plaisir. Par le truchement d’amis, nous avons rencontré une famille, dont les parents sont artistes peintres et demeurent à Bexhill, dans les alentours de Hastings.

Beaucoup d’artistes, de plasticiens, habitent à Hastings même, de sorte que mon premier contact avec cette ville s’est fait par le biais de la création artistique. Sans doute cela explique-t-il pourquoi je me suis trouvée d’emblée des affinités avec elle. Il faut dire aussi que c’est une station balnéaire du sud de l’Angleterre au charme désuet, avec des plages de galets. Depuis, j’y suis retournée à six ou sept reprises. À chaque fois, je prends soin de loger dans des quartiers différents pour pouvoir parfaire ma connaissance et, par recoupements, parvenir au cours de mes balades à passer d’un quartier à l’autre sans avoir à utiliser mon application mobile. Je mesure par la même occasion à quel point Hastings est une ville mosaïque par sa géographie : ses « hills », son bord de mer, son centre-ville… Chaque quartier a sa personnalité. J’aime passer de l’un à l’autre en retrouvant naturellement mon chemin avec, ainsi, la sensation de me sentir chez moi, dans ma propre ville.

La dernière fois que j’y suis allée, c’était durant l’été 2024. Cette fois, j’ai pris le temps de visiter le musée dédié à son histoire, ce qui m’a permis de découvrir des personnages dignes de romans comme cet homme qui y est née, au XIXe siècle : un certain Grey Owl, de son vrai Archibald Belany, qui traversa l’Atlantique pour se rendre au Canada où il épousa une Indienne, adopta les coutumes de sa communauté, prit un nom indien (Grey Owl, donc, en anglais) et devint un ferveur défenseur de la nature. Il s’est trouvé que je logeais tout à côté de la maison où il était né – ce que j’appris lors de cette visite du musée. Un heureux hasard qui m’a procuré la sensation d’une soudaine proximité avec une personnalité locale qui avait vécu il y a bien longtemps.

Bien d’autres hommes sont partis de Hastings pour aller voir comment l’autre côté de l’Atlantique était fait. Comment ne pas être tenté de le faire à la vue du grand large ? Certes, ce ne fut pas toujours pour de bonnes raisons : des expéditions parties de cette ville avaient une visée coloniale. D’ailleurs, le musée de la ville recèle de nombreux objets rapportés d’Inde, d’Afrique, d’Amérique Latine et du Nord où ils ont été le plus souvent pillés, ce que des cartouches ont l’élégance de reconnaître, le musée prenant même soin de s’excuser auprès du visiteur dont la sensibilité pourrait être heurtée à leur vue.

Toute cette digression pour dire que Hastings, c’est aussi une ville complexe qui a toujours été tournée vers le monde, pour le meilleur et pour le pire.

– Je ne peux m’empêcher de sourire en vous écoutant nous parler aussi précisément de la ville, de sa géographie et de son histoire, sans évoquer l’année à laquelle on l’associe spontanément : 1066, l’année de la bataille que livra et emporta à quelques encablures de là le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant…

Sylvie Mombo : C’est vrai, cette année est dans toutes les têtes ! Mais l’histoire de la ville ne saurait se résumer à la conquête normande. En réalité, ce que j’aime d’abord dans ce moment de son histoire, c’est le lien qu’il établit jusqu’à nos jours entre l’Angleterre et mon propre pays, la France. Cela me rend la ville encore plus proche malgré la Manche qui nous sépare. De là probablement ce sentiment de m’y sentir chez moi.

– Soit, mais il est un autre aspect de la ville que vous n’évoquez pas alors qu’il saute aux yeux quand on y arrive la première fois, à savoir son apparente déshérence… Certes, on découvre aussi très vite qu’elle est, ainsi que vous le dites, riche à bien des égards, à commencer par sa vie artistique et culturelle, mais, de prime abord, c’est bien cette première sensation qui domine. A-t-elle été aussi la vôtre ?

Sylvie Mombo : Oui, bien sûr. Dans certains quartiers, ce qui saute d’abord aux yeux, ce sont ces façades délabrées, les trottoirs non entretenus… On ressent la misère sociale à plusieurs indices comme ces ateliers proposés dans l’équivalent de nos Maisons des Jeunes et de la Culture (MJC), qui, ici, sont prises en charge par les églises locales ; beaucoup sont dédiées au traitement de pathologies liées à la malbouffe et l’obésité. On y trouve aussi des espaces de paroles autour de la violence conjugale, familiale… À la bibliothèque municipale, des affichettes abordent la question des troubles psychiatriques… En discutant  avec un agent de la ville, j’ai appris que Hastings était l’une des villes anglaises où on enregistrait la plus forte progression de grossesses chez des adolescentes. Autant de symptômes qui suggèrent que la ville subit de plein fouet la crise économique et sociale que traverse le pays. Cependant, une comédienne, Bev Lee Harling à qui je faisais part de ce constat, me fit cette réponse que je trouve intéressante et même réconfortante : « C’est vrai, ici on galère, mais cela nous rend d’autant plus inventifs et solidaires ». De là, cette énergie que dégage cette ville malgré tout et qu’on peut ressentir au premier abord.

– Bev Lee Harling qui donnait un spectacle d’une inventivité incroyable dans le théâtre de la ville, tant du point de vue de la mise en scène, de l’interprétation, que du texte et du décor… 

Sylvie Mombo : Un spectacle magnifique, en effet, dans lequel elle rend hommage aux pêcheurs de harengs  qui ont fait la prospérité de la ville, à travers des scènes évoquant leurs épreuves, leurs luttes,… Elle y évoque également leurs femmes et les Gansey, ces pulls qu’elles tricotaient à leur attention. Des pulls extraordinaires : chaque famille avait le sien tricoté de génération en génération, avec son motif spécifique pouvant évoquer les vagues d’une tempête, une date, une lutte sociale… Voilà jusqu’où peut se nicher la créativité. La ville a beau paraître en déshérence, ses habitants en sont fiers.

– Je ne résiste pas à l’envie de rappeler ce que vous dites vous-même à propos de la proximité tout sauf anodine entre les mots textile et texte, les histoires parfois cousues de fils blancs…

Sylvie Mombo : En effet ! Texte, textile, tissage,… Tous ces mots ont à voir les uns avec les autres. Cette volonté d’écrire l’histoire de la ville à travers les gens eux-mêmes, ceux qui l’ont faite, irrigue en réalité toute la dynamique culturelle de la ville. À Hastings, il y a non seulement un festival de conte, mais aussi un salon du livre, ainsi que des ateliers d’écriture et de lecture proposés tout au long de l’année.

– Emblématique à cet égard est ce café où vous avez vos habitudes : on y est environnés de livres…  Le concept est connu, mais dans ce café-ci, les murs sont littéralement recouverts d’étagères de romans, de récits de voyage, etc., encore plus densément que dans des librairies…

Sylvie Mombo : En effet. À Anouchka, le nom de ce café, les livres ne sont pas un simple élément de décor. Beaucoup de gens y viennent pour lire. L’ambiance y est propice. Des livres, et des jeux, sont prévus pour les plus jeunes. Tout le reste de la ville est au diapason puisqu’on y trouve des boites à livres, comme chez nous, mais, ici, il y en a aussi dans des lieux aussi incongrus qu’un supermarché… De manière générale,  j’ai observé que dans n’importe quel magasin de ce genre, dans les gares aussi, on trouve un espace livres juste à côté des caisses.

– Si vous aimez séjourner à Hastings, vous aimez aussi vous projeter de là, ailleurs en Angleterre…

Sylvie Mombo : L’été dernier, mon projet initial était de continuer à explorer le sud de l’Angleterre, le Sussex, en allant dans les villes situées dans les alentours de Hastings. Finalement mon projet de stage m’a conduite plus au nord, dans le pays de Galles. Puisque je devais y rester plusieurs jours, j’ai souhaité en profiter pour découvrir d’autres villes anglaises, à commencer par la plus importante, Liverpool, où j’ai atterri – au sens propre ! Je n’ai pas été déçue car j’ai pu découvrir encore une autre facette de l’Angleterre, que ce soit sur le plan linguistique – on y parle avec un tout autre accent, un autre rythme -, sur le plan géographique – le littoral offre d’autres paysages avec de grandes plages où les galets ont fait place au sable blond et fin… Mais je ne peux parler de Liverpool sans évoquer aussi et d’abord sa magnifique et gigantesque médiathèque aménagée sur quatre à cinq étages et son personnel très dévoué. Un lieu que j’aime particulièrement, où je me suis d’ailleurs rendue à plusieurs reprises pour en découvrir le fond et y travailler.

Avant de faire ma retraite, j’ai séjourné plus au nord de Liverpool, à Ainsdale. J’y ai rencontré beaucoup de gens réellement curieux des autres, qui voulaient savoir qui j’étais, ce que je venais chercher en venant dans cette zone aussi peu touristique. Parmi eux : Malcom Taylor, rencontré par hasard dans le train qui me ramenait de l’aéroport… Il m’a présenté à ses amis et fait découvrir les environs. Il m’a aussi bien aidée à progresser en anglais. Nous sommes depuis restés en contact. Il est même venu me rendre visite en France.

– Un mot sur une autre ville située à quelques kilomètres d’Ainsdale, l’ancienne station balnéaire de Southport, qui a été au cœur de l’actualité, peu après votre séjour, avec les émeutes qui s’y sont produites…

Sylvie Mombo : Pour mémoire, ces émeutes se sont produites suite à l’assassinat de trois jeunes filles, de moins de dix ans, par un jeune Anglais d’origine rwandaise. Des néonazis s’en sont alors pris à des policiers considérant que c’était de leur faute, car ils laissaient se poursuivre l’immigration clandestine, ainsi qu’à des « étrangers », en caillassant leurs maisons. Puis le mouvement s’est répandu dans le reste du pays. Beaucoup d’habitants de Southport en ont été les premiers surpris. L’élan de solidarité qui s’est manifesté, y compris à l’égard des populations étrangères ou immigrées, m’a mis un peu de baume au cœur. L’Angleterre, c’est aussi et peut-être d’abord cela et c’est important de le dire tant le flot d’information s’attarde d’abord sur les aspects les plus spectaculaires. Ce sens de la solidarité, de l’entraide, se voit aussi à l’importance de ces charity chops qu’on trouve dans la plupart des villes du pays. Au regard du racisme et de la xénophobie, l’Angleterre a probablement encore des progrès à faire, mais ce constat vaut malheureusement pour le reste de l’Europe…

– Pour avoir été à Southport, je mesure rétrospectivement à quel point l’ambiance qui y règne pouvait annoncer le déchainement de violence qui s’y est produit…

Sylvie Mombo : La ville m’a aussi fait une impression étrange, qui tient probablement aussi à son histoire. Il faut savoir que cette ville a bâti sa fortune sur le commerce triangulaire auquel elle a pris une part active comme d’autres villes du nord de l’Angleterre, dont Liverpool, qui compte d’ailleurs un musée dédié à la traite négrière. Depuis, après avoir bénéficié de l’essor du tourisme, Southport a perdu de sa superbe. Le centre-ville est en déshérence. Beaucoup de façades sont délabrées, des boutiques fermées. Même sans en connaître les chiffres, on devine un fort taux de chômage et de pauvreté.  Ce n’est pas tout : à Southport, comme dans d’autres villes anglaises, la population est vieillissante. On y croise peu de jeunes, d’enfants. On se croirait presque dans un Ehpad à ciel ouvert…

– Votre découverte des villes britanniques ne s’est pas arrêtée là…

Sylvie Mombo : Non, en effet. Suite à ma retraite, dont je vous ai parlé dans le précédent entretien, je m’apprêtais à quitter le nord pour retourner à Hastings, avant de me raviser : je ne pouvais tout de même pas voyager ainsi, au pas de charge, sans saisir l’occasion de découvrir la partie plus centrale de l’Angleterre. Dans un premier temps, j’ai songé me rendre à Oxford. Mais comme nous étions en pleine saison estivale et que je trimbalais une grosse valise, moi qui d’ordinaire peux attendre la dernière heure avant de décider de l’endroit où crécher, je me suis résolue à ne pas prendre de risque.  Et puis étant déjà à mi parcours de mon long voyage, peut-être n’avais-je tout simplement plus l’énergie de la voyageuse intrépide ! C’est comme cela que je me suis retrouvée dans le proche Worcestershire ! [elle articule chaque syllabe avant de le répéter rapidement avec l’accent du coin]. Waouh, j’y suis arrivée ! [Rire]. Il s’agit d’un comté où je m’étais déjà rendue pour assister, à l’invitation de Malcom, à un festival musique rock, dans les Malvern. Est-ce l’ambiance qui y a régné ? La gentillesse des gens ? La beauté des paysages ? Toujours est-il que je m’étais promis d’y revenir,  mais sans savoir que la prochaine occasion se présenterait aussi vite, à l’issue de ma retraite. J’ignorais cependant qu’à Worcester se déroulait un autre festival, de « country music » cette fois, qui a une cinquantaine d’années d’existence. J’ai donc assisté à des concerts dans la cathédrale de la ville – un  édifice magnifique – et une église toute proche. Entre autres surprises, j’ai appris que Worcester était jumelée avec Le Vésinet, une ville des Yvelines, où il m’est arrivé de raconter… Je ne demanderais qu’à revenir à Worcester. J’ai même rêvé d’y être invitée avec mes trois comparses des Trois anneaux à donner ce spectacle dans sa belle Cathédrale. Permettez-moi de saisir l’opportunité de cet entretien pour adresser ce vœu comme on jette une bouteille à la mer !

Last but not least, on ne peut clore cet entretien sans évoquer Londres, le passage obligé de la plupart de vos voyages effectués en train depuis Paris, et où vous avez fait des escales plus ou moins longues…

Sylvie Mombo : Ah, Londres… En quête de silence, prisant le pas calme de la marche, je suis d’ordinaire plutôt encline à fuir les grandes villes. Londres n’échappe pas à la règle : comme Paris, je la trouve trop bruyante et dense ; je la trouve chère aussi ! Autant de caractéristiques qui expliquent pourquoi j’y séjourne le moins longtemps possible. Cela étant dit, il y a dans cette ville de nombreux endroits qui m’intéressent au plus au point comme, par exemple, la British Library, un endroit absolument incroyable ! De par sa grandeur, son aspect majestueux, mais aussi pour tout ce qu’on peut y faire. Au moment où nous nous parlons, se tient une exposition qui met à l’honneur des « trésors cachés », des archives rarement sorties des réserves : des incunables, des bibles ornementées avec des fils dorés, des planches d’anatomie, et même une carte d’anniversaire où sont griffonnées les paroles d’une chanson par un des membres des Beatles… La British Library offre aussi l’intérêt d’être toute proche de la gare internationale de St-Pancras ; elle est le refuge idéal pour qui veut faire escale, loin de la foule. On peut y passer toute sa journée, gratuitement, et se régaler en passant indifféremment du département des sciences humaines à celui de la fiction…

– Il me semble cependant que votre perception de la ville change selon que vous y allez seule ou avec votre fille (19 ans), comme cela a été le cas la dernière fois… C’est à elle qu’on doit d’ailleurs la photo illustrant le précédent entretien…

Sylvie Mombo : En effet et ce qui m’a frappée, c’est de voir à quel point une jeune adulte peut aborder une ville étrangère comme elle le ferait d’une ville qu’elle connaît déjà, la ville de son quotidien. Ma fille s’en remet le plus naturellement du monde à ses applications mobiles pour se repérer, connaître l’heure de passage d’un bus ou du métro, savoir où manger. Elle épouse le rythme trépidant de la ville sans difficulté. Elle aurait aussi tendance à la vivre comme un jeu… Or, moi, je suis plutôt du genre à flâner, à me laisser surprendre, à prendre le temps de découvrir la ville incidemment…

– Encore un effort Sylvie Mombo ! Il me semble que vous tournez autour d’un mot dont vous savez qu’il m’est cher, et qui pourrait bien caractériser votre rapport à la ville…

Sylvie Mombo : La sérendipité !

– Oui ! Au fond, ce que vous aimez dans vos déambulations urbaines, c’est de faire l’expérience de la sérendipité : ne pas chercher à tout planifier, mais vous laisser guider pour y trouver ce que vous n’aviez pas forcément cherché…

Sylvie Mombo : Exactement ! D’ailleurs, c’est ce que j’évoquais au début de l’entretien à propos de Hastings que j’ai aimé explorer de proche en proche, par recoupements. J’aime en découvrir les connexions d’un quartier à l’autre, les chemins par lesquels on peut retrouver tel ou tel endroit, en laissant l’intelligence de la ville, de sa géographie, se révéler à moi. Je me garde d’utiliser une application ou de planifier un itinéraire. En cela, vous avez raison, mon approche de la ville est bien sérendipienne. Je dirais même que ce pourrait bien être ma manière d’explorer un territoire, un univers, quel qu’il soit : réel ou fruit de l’imagination d’un artiste – peintre, écrivain, etc.

Propos recueillis par Sylvain Allemand

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